La peinture chinoise Xieyi

Peinture chinoise

写意 Xiě Yì signifie « écrire » ( Xiě) et « sens » ( ). Un grand maître de la peinture chinoise, Zhang Daqian, disait que Xiě Yì indiquait le fait de dessiner l’essence des êtres. La peinture Xiě Yì utilise de nombreuses techniques de calligraphie qui privilégient la spontanéité du trait. Les peintures Xiě Yì sont donc très vite réalisées, mais la technique demande un long entraînement et une parfaite connaissance des thèmes représentés.

Matériel et supports

La peinture Xiě Yì se pratique sur du papier absorbant 宣纸 Xuān Zhǐ.

Les pinceaux utilisés en Xiě Yì varient suivant chaque partie du sujet peint. On peut toutefois faire la distinction suivante :

  1. Le grand pinceau 狼毫 Láng Háo, dont la rigidité des poils permet de peindre les branches et les rochers.
  2. Le pinceau 兼毫 Jiān Háo, qui, alliant force et souplesse, est utile dans la représentation des bambous et des orchidées.
  3. Le grand pinceau 羊毫 Yáng Háo, dont la souplesse permet de réaliser des mouvements amples et de beaux dégradés.

La technique

En général, on trace un brouillon au crayon sur une feuille à part. Ensuite, on réalise la peinture, ce qui prend quelques minutes tout au plus.

Le pinceau doit toujours être mouillé. On peut utiliser de l’encre ou de la couleur, imbibée sur le pinceau selon un principe de dégradé : le plus foncé à la pointe et de plus en plus clair vers la base des poils.

Le tracé se fait en un seul geste. L’obtention des nuances dépend de la pression et de l’inclinaison du pinceau.


Introduction

La peinture chinoise est une tradition artistique ancienne, riche de styles et de techniques. Parmi ces styles, la peinture 写意 Xiě Yì occupe une place particulière. Le terme signifie littéralement « écrire » (写 Xiě) et « sens » ou « intention » (意 Yì). Contrairement aux styles réalistes, la peinture Xiě Yì privilégie la capture de l'essence et de l'esprit des sujets représentés, souvent avec une grande économie de moyens.

Le célèbre maître de la peinture chinoise, Zhang Daqian (张大千 Zhāng Dàqiān), expliquait que Xiě Yì consistait à aller au-delà de l'apparence extérieure pour exprimer l'âme et le caractère des êtres. Ce style est à la fois une expression artistique et une philosophie, mettant en avant la spontanéité et l'intuition.

Les caractéristiques de la peinture Xiě Yì

  • Un style spontané : Les traits sont rapides, parfois réalisés en quelques minutes. Cependant, cette rapidité ne signifie pas amateurisme ; elle reflète au contraire une maîtrise technique exceptionnelle.
  • L'importance de l'essence : Le peintre ne s'attarde pas sur les détails réalistes mais cherche à transmettre l'émotion et l'énergie vitale du sujet.
  • Une influence de la calligraphie : La peinture Xiě Yì partage de nombreuses techniques avec l’art de la calligraphie, notamment l’utilisation de traits fluides et expressifs.

Matériel et supports essentiels

1. Le papier absorbant 宣纸 Xuān Zhǐ

Le papier Xuān Zhǐ, également connu sous le nom de « papier de riz », est réputé pour sa grande capacité d’absorption. Cela permet à l’encre et aux couleurs de se diffuser naturellement, créant des effets subtils et des dégradés uniques.

2. Les pinceaux (毛笔 Máo Bǐ)

  • Le grand pinceau 狼毫 Láng Háo : Fabriqué avec des poils de loup, il est rigide et idéal pour peindre des éléments robustes comme les branches ou les rochers.
  • Le pinceau mixte 兼毫 Jiān Háo : Un mélange de poils rigides et souples, parfait pour représenter des motifs délicats tels que les bambous et les orchidées.
  • Le grand pinceau 羊毫 Yáng Háo : Fabriqué avec des poils de chèvre, il est extrêmement souple et permet des mouvements amples ainsi que de magnifiques dégradés.

3. L’encre et les couleurs

L’encre noire (墨 Mò) est omniprésente dans la peinture chinoise. Dans le style Xiě Yì, elle peut être utilisée seule ou combinée à des pigments colorés pour enrichir les compositions. L’artiste applique souvent des dégradés d’encre ou de couleur, allant du plus sombre à la pointe du pinceau vers le plus clair à sa base.

La technique Xiě Yì : simplicité et maîtrise

Malgré sa simplicité apparente, la peinture Xiě Yì demande un long apprentissage. Voici les étapes principales de la réalisation d’une œuvre :

  1. Préparation d’un brouillon : L’artiste dessine souvent un croquis préalable sur une feuille séparée pour planifier la composition.
  2. Humidification constante du pinceau : Le pinceau doit rester imbibé d’encre ou de peinture pour garantir la fluidité des traits.
  3. Application en un seul geste : Chaque trait est tracé d’un mouvement continu, sans reprise ni correction. L’équilibre entre pression et inclinaison du pinceau détermine l’épaisseur et l’intensité du trait.
  4. Effets de dégradé : Les variations de teinte sur le pinceau permettent de produire des nuances expressives et des transitions harmonieuses.

Les thèmes classiques en peinture Xiě Yì

Les sujets traditionnels incluent des éléments de la nature, souvent symboliques dans la culture chinoise :

  • Les bambous (竹 Zhú), symboles de droiture et de résilience.
  • Les fleurs de prunier (梅花 Méi Huā), représentant la persévérance face aux épreuves.
  • Les orchidées (兰花 Lán Huā), évocatrices d’élégance et de raffinement.
  • Les montagnes et rivières (山水 Shān Shuǐ), témoins de l’harmonie entre l’homme et la nature.

Conclusion

La peinture Xiě Yì est bien plus qu’un simple style artistique. C’est une forme d’expression spirituelle, où chaque trait témoigne de la connexion entre l’artiste et le sujet. Si l’exécution peut sembler rapide, elle repose sur une discipline rigoureuse, une connaissance approfondie des sujets représentés et une maîtrise technique acquise après des années de pratique.

Apprendre la peinture Xiě Yì, c’est embrasser un art où l’intention prime sur la perfection, où chaque mouvement du pinceau est une manifestation d’harmonie et de beauté.