Chapitre 6 du Laozi

Texte chinois

shénshìwèixuánpìnxuánpìnzhīménshìwèitiāngēn
miánmiánruòcúnyòngzhīqín

Traduction

L'esprit de la vallée ne meurt pas ; on l'appelle la femelle mystérieuse.
La porte de la femelle mystérieuse s'appelle la racine du ciel et de la terre.
Il est éternel et semble exister (matériellement).
Si l'on en fait usage, on n'éprouve aucune fatigue.

Notes

L'expression 谷神gǔshén « l'Esprit de la vallée » désigne le Dào. G : Le mot « vallée » se prend ici dans un sens figuré. 苏子由Sū Zǐyóu : Une vallée est vide et cependant elle a un corps, c'est-à-dire elle existe matériellement. Mais l'Esprit de la vallée est vide et immatériel (litt. et sans corps). Ce qui est vide et immatériel n'a point reçu la vie ; comment pourrait-il mourir ? L'expression 谷神gǔshén « l'Esprit de la vallée » est destinée à exprimer sa vertu (la vertu du Dào). Voyez note 044, ligne 7.

L'expression 玄牝xuánpìn « la femelle mystérieuse » sert à exprimer ses mérites. Cette femelle produit tous les êtres. On l'appelle xuán « mystérieuse », pour dire que si l'on voit naître les êtres, on ne voit pas ce qui les fait naître. Le mot xuán a le sens de « obscur, profond, impénétrable ». E : Tous les êtres qui ont reçu la vie, et, en conséquence, ils sont sujets à la mort. L'Esprit de la vallée n'est point né, c'est pourquoi il ne meurt pas.

E : Le mot pìn « femelle » veut dire que le Dào est la mère de l'univers.

苏子由Sū Zǐyóu : Cette expression veut dire que toutes les créatures sont sorties du Dào.

苏子由Sū Zǐyóu : Cette expression veut dire que le ciel (tiān) et la terre () sont nés du Dào.

B : L'expression 绵绵miánmián veut dire « se continuer sans interruption ».

苏子由Sū Zǐyóu : Il existe et ne peut être aperçu. 王辅嗣Wáng Fǔsì : Direz-vous qu'il existe (matériellement) ? Mais vous n'apercevez pas son corps. Direz-vous qu'il n'existe pas ? Mais tous les êtres sont nés de lui. C'est pour cela que 老子Lǎozǐ dit : Il semble exister.

苏子由Sū Zǐyóu : Si l'homme peut imiter le Dào, quand il en ferait usage tout le jour, il ne se fatiguerait jamais.

刘戬夫Liú Jiǎnfū : Si nous en faisons usage, et si nous le conservons, nous n'éprouverons jamais aucune fatigue. B : Cette phrase signifie qu'il faut rendre son cœur (xīn) vide (c'est-à-dire le dépouiller de tout désir, de toute affection sensuelle) et pratiquer le 无为wúwéi.

杜道坚Dù Dàojiān : Le philosophe 列子Lièzǐ donne aussi ce chapitre. Il ne dit point qu'il l'ait tiré de 老子Lǎozǐ et l'attribue à l'empereur 黄帝Huángdì. On sait que 老子Lǎozǐ cite beaucoup de passages des livres appelés 《汾阴篇》Fényīn Piān. C'est ce qu'on reconnaît toutes les fois qu'il dit « C'est pourquoi le Saint (圣人shèngrén) ». Par là, il rappelle des axiomes ou des actions appartenant à des hommes saints de la haute antiquité.

C'est aussi ce qu'a fait 孔子Kǒngzǐ en rapportant des actions ou des paroles dont il n'était pas l'auteur.